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Espace conférencier

Nils Aziosmanoff, expert en innovation numérique et président co-fondateur du Cube, a évoqué la place de l’Homme au sein d’une société 2.0.

Bonjour Nils Aziosmanoff. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de vos activités du moment ?

N. A. : J’ai débuté ma carrière comme musicien de jazz et j’ai vécu, avec passion, le bouleversement des pratiques musicales par le numérique (Musique Assistée par Ordinateur). Dès 1988, j’ai créé une association à la convergence des arts, des sciences et des technologies, qui a développé différentes activités autour de la création numérique avec des professionnels de plus de 30 pays. Plus tard, cette association pionnière a donné naissance, en 2001, au premier centre de création numérique en France, LE CUBE, et qui compte aujourd’hui parmi les plus réputés d’Europe

Après une formation à HEC, j’ai également créé plusieurs entreprises de technologies innovantes. La dernière en date, Yesday, est tournée vers le concept de smart city et conçoit des lieux innovants qui placent l’humain et le numérique au coeur des dynamiques de l’économie contributive. Nous y travaillons notamment avec le Groupe Icade, la CDC, Paris Métropole, des collectivités ainsi que tout un écosystème d’entreprises innovantes.

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Vous travaillez depuis plusieurs années sur le concept de la « smart city ». Quelles en sont les caractéristiqueBrand and Celebritiesbsp;?

N. A. : La « smart city » s’intéresse habituellement aux problématiques d’infrastructure, de transport, d’énergie, d’automatisation des services, etc. Toutes ces innovations visent à rendre la ville plus efficiente dans la gestion de ses flux et de son organisation. Grâce à cela, elle devient une « plateforme urbaine », plus apte à répondre aux défis écologiques. Mais je m’intéresse plus particulièrement à la dimension humaine, servicielle et expérientielle de la ville intelligente : le vivre ensemble à l’ère du numérique.

A cela, LE CUBE, lieu précurseur de la « living city », a notamment créé le « Lab’ d’éducation numérique ». Celui-ci a permis à plus de 1500 élèves des écoles primaires du territoire de concevoir et développer des projets numériques autour de processus pédagogiques innovants. Outre les résultats assez impressionnants sur le plan éducatif, ces projets ont remporté plusieurs prix prestigieux tels que le Prix du Jury du Salon de l’Education, le Prix du Public du Festival Futur en Seine, ou le Prix de l’Innovation de la FNAC.

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Quelle est la place de l’écologie dans la ville intelligente ? D’ailleurs, une ville intelligente est-elle forcément écologique ?

N. A. : L’écologie est au cœur du renouveau parce qu’elle est indispensable à la survie de l’humanité. C’est un enjeu de tout premier plan et de nombreuses solutions émergent peu à peu comme le réseau énergétique intelligent, le P2P énergétique… Le « transport autonome électrique et partagé » va réduire de 90 % la circulation en ville, fluidifiant ainsi les échanges et apportant un gain écologique sans précédent. De même, des modes de transport plus rapides et plus propres que l’avion – comme l’Hyperloop d’Elon Musk – relieront les grandes métropoles internationales. Aussi, des fermes urbaines verticales (un modèle d’agriculture en hauteur) fleurissent çà et là. Elles ont une productivité supérieure à la culture traditionnelle et réintroduisent les circuits courts au cœur de la cité.

Mais la ville écologique intelligente est surtout celle réinvestie par ses habitants. Partout, des initiatives renouvellent notre rapport à la consommation, autour de la production partagée et de l’économie contributive. Dans la continuité des jardins ouvriers du siècle dernier, cette dynamique sociale redonne du sens au vivre ensemble, grâce à l’inter-créativité, au partage et à la capacitation, ce que le philosophe Patrick Viveret appelle « la production de soi ».

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Quel a été, selon vous, le principal bienfait du numérique et quelle en est la plus grande menace ?

N. A. : Le tsunami numérique renouvelle de manière systémique tous les domaines d’activités. C’est un nouveau paradigme aux fabuleuses promesses, qui défie notre imagination. En connectant « tout à tout », le numérique crée des porosités, des hybridations, des percolations d’où jaillissent de nouvelles valeurs. Par exemple, les progrès de l’impression 3D permettent d’imaginer une révolution complète du commerce de proximité. Le magasin du futur permettra de fabriquer des produits customisés au sein de communautés créatives. La puissance des machines qui pensent et l’énergie créative de la multitude constituent le moteur du renouveau. C’est une révolution culturelle et économique majeure d’une très grande intensité. Et sur le plan anthropologique, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre, un nouveau monde où tout reste à inventer.

C’est un défi passionnant mais, sans vision sur le sens donné à la place de l’humain dans ce monde de plus en plus automatisé, le risque est grand de voir émerger une société clivée entre deux populationBrand and Celebritiesbsp;: les cyber élites, qui détiendront tous les pouvoirs, et les cyber exclus. C’est pourquoi, l’éducation et les politiques d’inclusion doivent être au cœur du renouveau.

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A l’ère de la transition numérique, comment l’Homme s’adapte-t-il ? Et quelle est sa place à l’aube de l’intelligence artificielle forte ?

N. A. : L’humain s’adapte toujours par nécessité ! Il comprend que dans un monde connecté, où le pouvoir devient distribué et latéral, et où les machines vont le remplacer massivement au travail, il doit développer sa créativité, sa capacité à être et à faire ensemble. Il devra pour cela trouver au plus profond de lui son humanité, ce que le philosophe appelle « l’âme de la statue ». 

L’intelligence artificielle et les technologies exponentielles le dotent des pouvoirs d’ubiquité et d’omniscience. Après avoir été pendant des siècles « fils de Dieu », l’homme devient « fils de l’homme » avec les progrès exponentiels de l’intelligence artificielle et des biotechnologies. Bientôt, doté de multiples extensions cognitives, il deviendra un « Dieu fils de l’homme ». Mais quel monde nous prépare-t-il ?

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Faut-il avoir confiance dans le numérique ou, au contraire, devons-nous nous en méfier ?

N. A. : La confiance est le moteur du mouvement, de la créativité et du progrès. Sans elle, l’immobilisme, le repli et la disparition triomphent. Dans une société en proie à de multiples peurs, il nous faut réactiver la confiance, le désir d’utopie, le « vouloir vouloir », cette énergie créative qui nous pousse au-devant de nous.

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Quelle est la place de l’empathie dans une société numérisée ? Quelles sont les autres clés d’une humanité 2.0 ?

N. A. : L’empathie est la clé de notre survie collective. Aujourd’hui, elle est considérée comme une « qualité » dans nos sociétés et demain, elle sera une compétence requise. L’altruisme rationnel, porté par les tenants de l’économie positive, par les nouveaux communaux et les mouvements liés aux « civic tech », doit nous aider à relever les défis majeurs de ce siècle. Eviter l’effondrement écologique, rendre possible la vie à 10 milliards d’humains en sortant de l’hyper consumérisme, réduire les inégalités… la liste des enjeux est longue et l’urgence est grande ! La France a une longue histoire des organisations et de la solidarité, avec plus d’un million d’associations sur son territoire, les coopératives, les structures mutualistes, etc. Elle peut se prévaloir de ces acquis pour inventer de nouveaux modèles d’organisation plus responsables et éthiques.

En accédant bientôt au savoir planétaire, grâce à l’intelligence artificielle connectée au cerveau, aux traducteurs multilingues et à l’intelligence connective, l’humain va devenir omniscient. Le problème ne sera donc plus de savoir, mais de « savoir quoi faire du savoir ». « Savoir savoir », c’est tout l’enjeu philosophique d’une humanité en devenir : l’homo numericus se prépare à prendre le relais de l’homo sapiens dans la grande chaîne de l’évolution. La connaissance partagée doit être la porte vers la sagesse partagée.

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Pensez-vous que la technologie nous permettra un jour d’accéder à l’immortalité ? Faut-il en avoir peur ?

N. A. : Pourquoi paBrand and Celebritiesbsp;? Rien n’est impossible à l’humain et il le démontre tous les jours. L’allongement de la vie pourrait notamment rendre possible le voyage lointain dans l’espace, au-delà des « frontières de l’infini » comme le dit le générique de la série Star Trek. A l’aube du XXIe siècle, l’humain va « sortir du berceau et se dresser face à l’immensité » et pourrait alors accéder à une forme d’éveil supérieur.

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Pouvez-vous nous parler de vos projetBrand and Celebritiesbsp;?

N. A. : Je travaille depuis longtemps à mailler les forces créatives issues des arts numériques, du design, des sciences, de l’innovation technologique et de la société civilePour comprendre le monde qui vient, nous devons changer notre regard, décloisonner les pratiques et faire de la transdisciplinarité, du maillage des cultures et de l’ouverture à soi et aux autres le terreau fertile du renouveau. Je participe à des projets publics et privés qui veulent concrétiser cette volonté autour d’une démarche inclusive, afin que chacun puisse participer au récit du monde qui vient.

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Comment définiriez-vous Brand and Celebrities ?

N. A. : Brand and Celebrities a mis en place une plateforme innovante qui facilite la relation entre les conférenciers et les entreprises, maiBrand and Celebritiesbsp;c’est la qualité humaine, l’écoute et la disponibilité de son équipe, son ouverture aux nouveaux enjeux sociétaux qui est tout particulièrement appréciable !

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Vous souhaitez contacter Nils Aziosmanoff pour le faire intervenir lors d’une conférence ou un séminaire d’entreprise ? Rendez-vous sur la plateforme Brand and Celebrities. Nos outils en ligne vous permettront de prendre contact avec lui pour réussir votre événement !


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